Un écrivain peut-il être débutant ? Est-ce alors plutôt un auteur en devenir ? J'ai déjà pu évoquer cette distinction — entre auteur et écrivain — dans plusieurs articles. C'est d'ailleurs une question que j'ai systématiquement posée aux personnes interviewées tout au long de l'année 2021 sur le blog, à l'instar de Caroline Nicolas, éditrice, ou encore Laure Limongi, Vincent Germani et Nikos Precas. 

Quoi qu'il en soit, cette notion d'écrivain débutant demeure centrale car elle implique, à raison, qu'écrivain est un métier qui s'apprend. Et cet apprentissage peut être à géométrie variable : formations reconnues par l'Etat, stages sur quelques jours ou quelques mois, et/ou parcours d'autodidacte avec des conseils glanés au fil de l'eau. L'essentiel est que vous adoptiez le parcours qui vous convient et que vous puissiez tester autant de pratiques possibles pour vous constituer votre panoplie d'auteur. 

Accepter et assumer son statut d'écrivain débutant pour mieux progresser

La première étape est bien celle de la prise de conscience de son statut : celle d'en être à ses débuts. Ce n'est pas toujours chose facile à accepter. L'humilité du créateur qui débute — compagne conseillée tout au long de son parcours d'écrivain(e) — doit s'imposer comme socle sur lequel construire, et non un obstacle qui empêcherait d'avancer. 

Il faut donc accepter d'avoir tout à apprendre et à expérimenter pour ne rien s'interdire d'écrire et de vivre. 

La tentation peut être grande de penser que, parce que l'on était bon en cours de français ou en philosophie, parce que l'on a suivi d'assez longues études ou, le pire, parce que nos proches nous ont complimenté sur quelques poèmes produits à l'adolescence, on serait "fait pour écrire". 

Rien de plus trompeur, et un terreau fertile parfait pour des déceptions à venir. 

Il n'y a rien de honteux à se dire écrivain débutant, cela permet de soulager ses épaules d'un poids encore bien trop important que l'on chercherait déjà à porter : celui de la qualité littéraire de nos écrits, de leur force à déjà remporter l'adhésion de lecteurs inconnus. 

C'est bien trop tôt, même si cela peut venir très soudainement pour quelques uns. Quelques uns sur des milliers. 

Alors gardons la tête froide, avançons un pas après l'autre et, après une longue course d'endurance, certains d'entre nous pourront se réclamer d'être "écrivain(e)" tout court. Encore et toujours, c'est bien le cheminement qui importe, et non la destination. 

Quels conseils suivre en tant qu'écrivain débutant ? 

Comment s'assurer que les conseils d'écriture que l'on suit sont "bons" ? Sur quels critères se baser ? Avant tout, un "bon conseil d'écriture" sera un conseil qui nous aura fait écrire. Cela peut paraître simpliste de le dire mais il y en a pléthore qui font réfléchir, débattre, mais face à nous la feuille demeure blanche. Ensuite, il me semble qu'un bon conseil d'écriture est celui que nous prenons plaisir à suivre, et qui produit des résultats. C'est-à-dire ? Qui permet de faire avancer son projet de roman ou de recueil de poèmes, qui permet de progresser en tant qu'auteur que ce soit en ne suivant le conseil qu'une seule fois ou par les bénéfices de la répétition. Enfin, un bon conseil d'écriture me paraît être un conseil que l'on intègre à son quotidien, auquel on revient, et que l'on a envie de partager. Un conseil qui nous a apporté et qui ne nous aura pas démotivé !

10 conseils pour aider à vous lancer et durer

  • Ecrivez

C'est une rengaine que vous avez peut-être (déjà) marre d'entendre. Il ne faut plus (seulement) l'entendre alors, il faut la suivre, l'intégrer, la faire sienne car c'est cette pratique qui vous fera dépasser le statut d'écrivain(e) débutant(e). Rappelons une chose évidente : un(e) écrivain(e) écrit. Alors écrivez aussi souvent que possible, que ce soit dans le cadre de votre projet de livre ou des productions annexes. N'ayez jamais honte de ce que vous écrivez, vous ne serez jamais obligé de révéler vos expérimentations à d'autres. 

  • Ne vous comparez pas aux écrivain(e)s accompli(e)s

L'éternelle tendance à se comparer qui induit le syndrome de l'imposteur, en particulier chez les écrivaines débutantes. Cela me fait mal de l'écrire mais c'est une réalité qui perdure. Le simple fait de suivre des formations ou des conseils d'écriture donnés par des auteurs (re)connus du grand public, suffit souvent à paralyser. Nous n'avons encore rien écrit de probant, jamais publié alors qui sommes-nous pour effectuer les mêmes exercices et se réclamer de la méthode du dernier Goncourt ? Mais justement ! Il ne s'agit jamais de se comparer, de "se hisser à la hauteur de" de manière prématurée — d'ailleurs personne n'est supérieur, et ce n'est pas un prix littéraire qui y change quelque chose — mais bien de s'inspirer et de gagner du temps. Si des écrivains et écrivaines expérimenté(e)s conseillent telle ou telle pratique c'est bien qu'ils ont expérimenté d'autres choses avant et que c'est cela qui a fonctionné. Alors autant ne pas faire les mêmes erreurs.

  • Testez tous les exercices et bonnes pratiques, puis choisissez

Aucun conseil, aucun exercice ne sera mauvais en soi (à part s'ils induisent de ne pas écrire). Certains vous conviendront, d'autres pas du tout. Mais comment le savoir sans les avoir effectué au moins une fois ? Il s'agit donc bien de rentrer dans le concret, d'user son clavier et d'expérimenter pour ensuite ne garder que ce qui est efficace pour vous : ce qui vous permet d'avancer, de rester motivé(e), de vous construire en tant qu'écrivain(e).

  • Exercez-vous "moins mais mieux", ne vous éparpillez pas

Ne multipliez pas les conseils d'écriture, les ressources, les masterclasses en simultané. Vous aurez sûrement besoin de temps pour assimiler chaque conseil, chaque stage d'écriture, chaque livre ou conférence. Si vous faites preuve de boulimie en pensant gagner du temps, vous prenez le risque de ne rien retenir justement, de rester en surface et d'avoir la perception d'avoir perdu votre temps et/ou votre argent à la longue. Prenez le temps, c'est une course de fond. 

  • Trouvez votre propre équilibre entre lecture et écriture

Ecrire régulièrement sans oublier la lecture comme source d'apprentissage et d'évasion constante. Tout(e) écrivain(e) a son propre équilibre à trouver entre les deux. Certains alternent, d'autres ont besoin de faire cohabiter les deux dans leur quotidien. Aucune option n'est meilleure que l'autre, veillez seulement à ce que la lecture ne disparaisse pas de votre vie parce que vous avez commencé à écrire. Et nul besoin d'être grand lecteur ou grande lectrice, là encore c'est une question de qualité et d'attention, jamais de quantité. 

  • Assumez votre quotidien d'écrivain(e)

De même que vous devez trouver votre propre équilibre entre lecture et écriture, entre inspiration et expérimentation, assumez votre propre quotidien et rythme d'écrivain(e). Que vous préfériez écrire tôt le matin ou dans l'après-midi, seul(e) dans votre salon la nuit ou entouré(e) d'inconnus dans un café, que vous écriviez 3 heures tous les 3 jours ou une demi-heure tous les jours, peu importe. Et ce n'est pas d'être "débutant" qui y change quelque chose. Personnalisez à votre situation, vos goûts, vos envies les conseils qu'on vous partage. 

d'autant que les habitudes varient. Je n'ai pas le même quotidien d'écrivaine en fonction des périodes d'écriture, de relecture ou de révision éditoriale. J'essaie de m'adapter autant que besoin, et si je n'écris pas 1h par jour toute l'année, ce n'est pas grave ni même souhaitable. 
  • Allez jusqu'au bout de vos projets

Bouclez un manuscrit, une pièce de théâtre, un recueil avant d'en démarrer un autre. Faire aboutir un projet d'écriture permet de se prouver à soi-même que l'on est capable de terminer, de concrétiser ce que nous avions imaginé, que ce ne sont pas des paroles en l'air mais une vraie démarche. Que notre parcours d'écrivain se construit peu à peu. Alors tenez bon et finalisez, il sera toujours bon de reprendre, de corriger, d'améliorer après quelques mois de pause.